Quand la production renaît

Après une première période relativement difficile, la situation quotidienne du camp s’améliore progressivement. Les autorités militaires réussissent à faire face et les alertes du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) ou des autorités religieuses de la ville de Besançon sont entendues, permettant ainsi dès 1945/1946 des conditions de détention relativement correctes.

Le Dépôt 85 voit, comme dans bon nombre de camps de prisonniers de guerre, une vie culturelle active se mettre en place. La Convention de Genève relative au traitement des PG stipule qu’en plus du soin de leur santé physique, les puissances détentrices se doivent de prendre soin de leur santé mentale :

Les belligérants encourageront le plus possible les distractions intellectuelles et sportives organisées par les prisonniers de guerre. [1]

L’YMCA (Young Men’s Christian Association, ou mouvement de jeunesse chrétien) joue avec le CICR un rôle important dans le divertissement des prisonniers. Dès avril 1946, le camp possède une bibliothèque d’un millier d’ouvrages. Une distribution de livres a lieu par roulement dans les principaux commandos. Un orchestre de 10 musiciens et un chœur de 30 chanteurs ont été formés. Des manifestations religieuses embellissent la chapelle Saint-Étienne de la citadelle, des journaux mensuels (Lagerbote) sont édités dès janvier 1947 et distribués dans les différents commandos. L’édition de mars 1947 précise que la semaine de l’art va se dérouler à la citadelle du 4 au 11 avril prochains et verra des conférences, du théâtre et des concerts. Celle de septembre 1947 rend compte de la Zita-Sportfest, la fête du sport à la citadelle, qui s’est déroulée un dimanche d’été : la journée a commencé avec un concert, puis différentes activités étaient proposées toute la journée comme les jeux d’échecs, le tennis de table, l’athlétisme et, plus original mais incontournable, des courses de sacs !

Toute cette riche production artistique n’a plus rien à voir avec les premiers mois de captivité du Dépôt 85, où le taux de mortalité est élevé. Cette rubrique propose un focus sur les journaux mensuels, sur un livre édité à 500 exemplaires et sur les œuvres réalisées à la citadelle même par l’un des prisonniers.


[1] Article 17 de la Convention relative au traitement des prisonniers de guerre. Genève, 27 juillet 1929.