Deux niveaux du premier front bastionné de la citadelle, le Front Saint-Étienne, portent dans presque chacune des salles des dessins ou des peintures murales aux influences diverses. Toutes ont cette signature :
Un prisonnier artiste
Hans WOJTASZYK est transféré à la citadelle en mai 1945. Pendant sa captivité bisontine, il réalise au total 33 œuvres, absolument diverses. Leurs dimensions sont imposantes, allant de quelques dizaines de centimètres pour les plus petites à 5 mètres de long ou 3 mètres de hauteur pour les plus grandes.
Lors de leur réalisation en 1946, comme l’attestent la signature et les archives, le Front Saint-Étienne est occupé par les troupes de gardes du dépôt [1], constituées de soldats nord-africains. Au vu de certaines œuvres, nous pouvons supposer que des gardiens ont chargé Hans WOJTASZYK du décor de leur lieu de vie.
La production artistique peut être une évasion mentale pour les captifs, en plus de leur procurer d’éventuels avantages venant des personnes pour qui les œuvres sont réalisées. Aussi, la Convention de Genève de 1929 relative au traitement des prisonniers stipule qu’en plus du soin de leur santé physique, les puissances détentrices se doivent de prendre soin de leur santé mentale :
Les belligérants encourageront le plus possible les distractions intellectuelles et sportives organisées par les prisonniers de guerre. [2]
Il est très difficile de définir les matériaux utilisés pour réaliser l’ensemble de ces œuvres. Les supports pour recouvrir la surface des murs semblent divers : peintures, craie, enduits sur plâtre, etc.
Il existe un autre exemple de ce type à l’échelle nationale : des productions artistiques ont été réalisées dans des conditions de captivité quelque peu semblables par des prisonniers au fort de Malbousquet, à Toulon. Certains ont peint de 1944 à 1946 leurs cellules de détention, vraisemblablement grâce à de la peinture récupérée dans l’arsenal. 83 fresques au total, qui évoquent des paysages allemands ou des scènes de culture germanique. L’ouvrage de Jean-François ROUDIER, accessible en ligne, y est consacré : https://www.calameo.com/books/006171915c8f64226e959
Avec la chapelle du camp du Coudray (près de Chartres) réalisée et décorée par l’abbé Franz STOCK, les œuvres WOJTASZYK de la citadelle de Besançon sont l’un des rares témoignages encore visibles aujourd’hui en France, rappelant la captivité de presque un million d’hommes sur le territoire national pendant quatre ans.
Leur état de conservation est préoccupant. L’accès aux salles a vraisemblablement été possible à la fin des années 1950 lorsque le bâtiment était à l’abandon (ou presque) comme en témoignent les nombreuses signatures que certaines personnes ont gravées sur les réalisations de Hans WOJTASZYK. Puis, lors du rachat de la citadelle par la Ville de Besançon à la fin des années 1950, la décision est prise d’y installer une partie des archives municipales. La forte humidité et la présence d’un champignon obligent la municipalité à déménager ses archives quelques années après, mais les étagères destinées à les recueillir et placées contre les murs, donc disposées devant les œuvres, n’ont été enlevées qu’en 2014 suite à ces travaux de recherches.
Nous vous invitons à découvrir une partie des œuvres en visite virtuelle :
Le dernier niveau, où se situent les autres réalisations d’Hans WOJTASZYK, ne peut malheureusement faire l’objet d’un film du fait de son obscurité quasi-totale.
Vous pouvez désormais parcourir l’ensemble des œuvres numérisées en haute définition par Eric CHATELAIN, photographe pour la Ville de Besançon, grâce à cette galerie photo (en fonction de votre débit Internet, le temps de chargement peut être conséquent) :
1er niveau
2ème niveau
Quand sa famille découvre les oeuvres…
Visionner le reportage France 3 Franche-Comté : les WOJTASZYK pour la première fois à Besançon.
[2] Article 17 de la Convention relative au traitement des prisonniers de guerre. Genève, 27 juillet 1929.